DOSSIER Iran – Réactions internationales aux manifestations de 2022 en Iran

Des banderoles et des pancartes de plusieurs tailles sont posées sur le sol gris. Elles sont noires, blanches et rouges, avec des slogans écrits en anglais, français et persan.
Banderoles et pancartes lors de la manifestation du 9 octobre 2022 à Paris. Crédit photo: Guillaume Mercier

Le monde observe l’Iran où depuis plus d’un mois des manifestations meurtrières ont éclaté. Cela a lieu depuis la mort d’une jeune femme de 22 ans en garde à vue, Masha Amini, arrêtée trois jours plus tôt pour avoir porté des vêtements « inappropriés ». À ce jour, les groupes de défense des droits de l’homme estiment que plus de 200 personnes ont été tuées lors de ce mouvement de protestation sans précédent et de la violente répression des forces de sécurité qui a suivi, et que de nombreuses autres personnes ont été arrêtées.

Voir l’article de Guillaume pour le contexte historique sur la situation iranienne – Derrière le voile, la dictature ou la liberté

Ce mouvement a été rapidement signalé et médiatisé dans le monde entier, amenant les autorités internationales ainsi qu’un grand nombre de citoyens du monde entier à s’exprimer sur Twitter face à la continuation des manifestations et de la répression gouvernementale. De nombreuses entités internationales ont réagi à ces événements, certaines avant même que des déclarations officielles ne soient faites par l’Iran.

Voir l’article de Rime Benomar pour plus d’informations sur la médiatisation de ces manifestations – Manifestations en Iran: Le nouvel usage des réseaux sociaux

A l’échelle internationale, qui a réagi aux protestations, et quand ?

Cette infographie permet de retracer le fil des événements.

Réactions nationales

Le 16 septembre, premier jour des manifestations, qui se sont déclenchées quelques heures après la mort de Masha Amini, l’envoyé des États-Unis en Iran a publié un tweet condamnant la situation dans le pays. Le ministère français des affaires étrangères a également publié une déclaration officielle exprimant une position similaire, qu’il a réitérée à plusieurs reprises depuis.

Dans les journées qui ont suivi, des dirigeants du monde entier sont intervenus sur scène, sur Twitter ou ont publié des communiqués de presse condamnant la violente répression en Iran et appelant à la justice et/ou à l’action. Plusieurs manifestations se sont déroulées dans d’autres pays par solidarité avec les femmes iraniennes, en présence de la diaspora iranienne vivant dans ces pays. Cela a renforcé la pression sur les gouvernements pour qu’ils publient une position officielle sur la situation.

Pour les manifestations qui ont eu lieu à Paris, voir l’article de Noémie Naudin – Manifestations à Paris pour soutenir l’Iran, les femmes et la liberté
Une foule de personnes vue de côté, certaines tiennent des pancartes. Un homme et une femme au premier plan tiennent des pancartes disant "We Hear U!" (Nous vous entendons!) et "Iran" sur du papier blanc.
Une foule de personnes vue de côté, certaines tiennent des pancartes. Un homme et une femme au premier plan tiennent des pancartes disant « We Hear U! » (Nous vous entendons!) et « Iran » sur du papier blanc. Manifestation du 2 octobre 2022 à Paris. Crédit photo: Noémie Naudin

La plupart de ces interventions comportent quelques points essentiels :

  • Tristesse et consternation face à la mort de Masha Amini
  • La nécessité pour l’Iran de mettre fin à la violence contre les femmes
  • Respecter les droits fondamentaux de l’homme
  • La nécessité de demander des comptes à ceux qui sont responsables de sa mort.

Ces réactions émanent principalement du monde occidental, tandis que le Chili et Israël se sont prononcés aux côtés du Royaume-Uni, de l’UE et des nations d’Amérique du Nord. Dans certains cas, ce sont les plus hautes autorités politiques qui se sont exprimées directement, mais dans la plupart des cas, c’est le ministre des affaires étrangères qui a parlé au nom de la nation.

La communauté internationale

Plusieurs institutions mondiales ont fait entendre leur mécontentement. Dans tout cela, la principale action réclamée a été l’ouverture d’une enquête impartiale sur la mort de Mahsa Amini. Le 13 septembre, la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies s’est ouverte à New York. L’Iran a été évoqué à plusieurs reprises, et son président Ebrahim Raïsi a également prononcé un discours lors du débat général. Des déclarations de l’ONU ont été faites pour demander cette enquête, ainsi que l’obligation de rendre des comptes sur sa mort et la fin de la violence. Ils se sont ensuite faits plus précis dans leurs demandes contre les mesures de force et les restrictions d’Internet qui entravent la liberté d’expression et la transparence.

Quatre jours après le début des manifestations, le président Raïsi a rencontré les dirigeants européens. De multiples déclarations ont été faites par l’Union Européenne, qui a publié une proposition de résolution le 3 octobre, devenue proposition de résolution conjointe deux jours plus tard. Les ministres des affaires étrangères de l’UE doivent maintenant décider des sanctions, ce qui suit l’impulsion des États-Unis qui ont déjà mis en place plusieurs mesures.

Autres réactions

Ces institutions n’étaient pas seules à se sentir concernées par les manifestations en Iran. Ainsi, des ONG et des groupes de défense des droits de l’homme tels qu’Amnesty International et Iran Human Rights ont pris la parole pour critiquer la situation et soutenir les manifestants iraniens.

D’autres personnalités ont fait connaître leurs opinions, et les médias se sont emparés d’histoires de célébrités qui se coupaient les cheveux par solidarité avec les femmes iraniennes.

Des universitaires et des spécialistes de l’Iran et du féminisme ont aussi reconnu ce mouvement et ont fait entendre leur point de vue, en soulignant que la mort de Masha Amini relève d’un problème global de droits des femmes.

 

 

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