L’auteur-compositeur-interprète est en tournée avec un nouvel album de duos conçu pour raisonner «Des Millions d’Années». Rencontre avec l’artiste passionné qui célèbre le multiculturalisme à travers la francophonie.
Ycare a mis ses nouvelles œuvres sur le devant de la scène en octobre et novembre 2022 dans des villes françaises comme Lyon, Brest, Nantes, Lille et Bordeaux. Il reprendra sa tournée le 27 janvier 2023 sous les projecteurs belges au théâtre de Mons et la terminera entre les murs de l’Olympia à Paris le 22 avril 2023.
Ce cinquième album, considéré comme le plus précieux par Ycare, lui aura pris trois ans pour être réalisé. “Je me dis qu’après ça, je pourrais enfin laisser mourir Ycare, ou le laisser encore un peu chanter… quelques jours, quelques mois … ou DES MILLIONS D’ANNÉES” avait-il alors partagé sur sa page instagram lors de sa sortie, le 14 octobre dernier.
Épanoui dans sa carrière artistique, Ycare a transmis son histoire, ses valeurs et ses convictions sur ce métier tout en faisant part de son ressenti sur les premiers retours de son album à travers des messages vocaux envoyés le 2 novembre.
La naissance d’Ycare
De son vrai nom Assane Attyé, Ycare est né le 21 septembre 1983 en passant son enfance à faire du sport. L’artiste envisageait alors une carrière d’athlète, sans se douter que la musique viendrait sonner à sa porte suite à un dramatique accident, à l’instar de l’auteur-compositeur-interprète Grand Corps Malade.
Alors qu’il effectue sa première S, l’adolescent de 16 ans se fracture le tibia lors d’une mauvaise chute ce qui l’immobilise pendant des mois : “j’étais un grand sportif et je ne pouvais plus faire de sport donc j’ai appris à faire de la musique, c’est ça qui m’a obligé à faire de la musique presque, et c’est comme ça que c’est parti”. Un aller sans retour pour l’artiste pour qui la musique était devenue son passe-temps favori.
“Ycare par rapport à la mythologie, à ce côté adolescent que j’avais quand j’ai commencé à écrire des chansons, ce détachement de l’humain pour essayer de devenir un dieu, c’est ce que Icare cherchait à faire”. Le compositeur avait choisi un nom de scène sur l’envol et l’ambition dans une période où il était limité physiquement. « Aujourd’hui c’est quelque chose que je regarde avec beaucoup de tendresse” a-t-il ajouté.
Le premier moment clé de sa carrière musicale est sa sélection pour participer à l’édition 2008 du télécrochet “Nouvelle Star” sur M6, qui célèbre ses vingt ans en 2023. “Ensuite ça été pleins de petites étapes et portes” a-t-il partagé, en continuant à se produire sur scène et en enregistrant son premier album “Au Bord du Monde” un an plus tard par la maison de disque Sony Music.
Son deuxième album “Lumière Noire” sorti en 2011 est celui qui le fait connaître au grand public avec le succès du single “Lap Dance”. A partir de 2015, l’artiste se reconvertit en autodidacte pour avoir une plus grande liberté et proximité avec son public.
Ecrire et chanter, un métier de passionné
Ycare évoque son amour du partage et d’écriture pour les autres qu’il qualifie comme “une autre forme de lumière”: “c’est un exercice que j’adore, j’adore me déguiser en les gens, j’ai l’impression de déguiser mon coeur”. De nombreux artistes ont chanté ses textes dans son dernier album comme Zaz, Amel Bent, Patrick Fiori, Joyce Jonathan ou encore Hiba Tawaji.
Ce cinquième album “Des Millions d’Années” lui tient particulièrement à coeur car il implique deux de ses plus grandes passions : “l’intersection de ce que j’aime faire le plus, écrire pour les gens et chanter donc du coup je chante avec les gens pour lesquelles j’écris et c’est ça qui est merveilleux”.
L’épanouissement musical d’Ycare implique la proximité avec le public et d’autres artistes : “la tournée c’est le meilleur moment pour moi, je fais un disque que pour chanter devant les gens donc je suis super content”. Se produire sur scène est ce qui est le plus important et gratifiant selon l’auteur-compositeur-interprète.
Un message de tolérance et de partage culturel
Né à Dakar au Sénégal, Ycare est issu de la diaspora libanaise qui réside dans le pays depuis un siècle. Après son passage à la “Nouvelle Star”, il se produit notamment à la fois à Dakar et à Paris, tout en écrivant et chantant sur les différentes origines qu’il incarne. Il célèbre à travers son art la richesse du mélange de cultures et transmet un message de tolérance dans ses œuvres.
“L’universalité de la francophonie, il est là le ciment de toutes ces cultures, je ne suis pas plus africain que français, que libanais, je pense que l’humanité tend vers ça et comme disait Napoléon, un jour on aura tous la couleur de l’argile, on sera tous métissés”
Le titre “Les Cèdres” écrit par l’artiste franco-libano-sénégalais en collaboration avec la chanteuse libanaise Hiba Tawaji et le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf rend hommage à “ce Liban que nous abritons tous” à travers la francophonie.
Les artistes s’étaient réunis pour la première fois par le souhait d’Ibrahim Maalouf de soutenir les victimes de l’explosion survenue au port de Beyrouth au Liban en 2020 en rassemblant plusieurs artistes et récoltant des fonds. Ycare a décidé de remettre en lumière cet hommage dans cet album. Un autre titre célèbre l’Afrique avec le titre “Humble African” chanté avec le chanteur Tiken Jah Fakoly.
Ycare termine l’entretien en rappelant la valeur précieuse du moment présent et de la vie : “Dans la vie tout est un bonus, chaque marche qu’on fait, chaque étape qu’on passe, j’ai le sentiment profond que la vie est un cadeau et vieillir est une chance”.