Image d’une corrida, Séville (Espagne). Image libre de droits (PEXEL, Marko Obrvan).

Les débats sur la corrida entrent dans l’arène politique

« Faut-il interdire la corrida? » A cette question, la commission des lois a répondu “non”. La proposition de loi portée par LFI et la NUPES sur l’interdiction de la corrida sera votée en niche parlementaire ce 24 novembre.

Image d’une corrida, Séville (Espagne). Image libre de droits (PEXEL, Marko Obrvan).

La proposition de loi pour l’interdiction de la corrida, déposée le 20 Septembre dernier par le député de la LFI (La France Insoumise) Aymeric Caron, a reçu une réponse négative de la part de la commission des lois, chargée d’étudier les lois constitutionnelles avant de présenter le texte en séance publique. Ce projet avait réuni près d’une centaine de signatures des députés de la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale).

Les Français divisés

Selon un sondage de l’IFOP pour le JDD publié en août 2021, plus de 70% des Français se disaient favorables à l’interdiction de la corrida et 61% d’habitants de villes taurines étaient en faveur de la suppression de la mise à mort du taureau dans la corrida. Mais dans une autre étude de l’IFOP, 68% des habitants de villes taurines n’étaient pas favorables à l’interdiction totale en France de cette tradition pratiquée depuis le XVIIIe siècle. Ce sujet suscite depuis plusieurs années un clivage générationnel et régional et soulève de vives tensions.

Pour les défenseurs de la corrida, c’est une tradition ancestrale qu’il faut maintenir. Pour les anti-corrida, la cruauté et l’immoralité qu’elle implique ne devraient pas lui permettre de bénéficier d’une exception prévue à l’Article 521-1 du Code pénal:

Sont sanctionnés les actes de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité mais cette interdiction ne s’applique pas aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée”.

Le débat se poursuit au sein des partis politiques

Le débat autour de la corrida se poursuit au sein de l’Assemblée. Bien que la proposition fasse l’unanimité chez les Verts et LFI, la position sur ce sujet divise au sein des partis.

C’est le cas notamment du Parti communiste et du Rassemblement National, pour qui il reste difficile de s’accorder: “Les députés RN sont attachés au bien-être animal, mais sont aussi les premiers défenseurs de nos traditions et cultures locales. […] La corrida entraîne une souffrance animale. Une partie des élus RN préférerait qu’elle soit interdite”, affirme le député du RN Timothée Houssin. Mercredi 16 novembre au micro de BFMTV, Marine Le Pen se positionnait en faveur de l’interdiction de la corrida aux mineurs, une façon pour elle de favoriser le consensus pour éviter de braquer certaines régions françaises.

Une proposition de loi qui a peu de chances de passer

Cette proposition de loi vise à modifier l’article 521-1 du code pénal, qui punit déjà la maltraitance animale, pour y inclure les courses de taureaux. Elle sera examinée dans l’Hémicycle ce jeudi 24 novembre, à l’occasion de la journée mensuelle pour les groupes parlementaires. Il s’agit de la “niche parlementaire”, journée où les propositions de loi de l’opposition sont discutées en séance à l’Assemblée. Le projet sera complété de onze autres projets de loi et de résolutions présentés par le groupe LFI-NUPES. Mais cette thématique ne figure qu’en quatrième position des sujets que le Parti de gauche souhaite aborder. Si les débats sur les autres propositions venaient à durer, celle sur l’interdiction de la corrida pourrait donc ne pas être débattue.

Et quand bien même la proposition d’Aymeric Caron serait-elle adoptée par les députés, elle devrait ensuite être examinée par le Sénat. Comme l’évoque dans le JDD le politologue Benjamin Morel, les probabilités que son texte soit adopté sont “extrêmement faibles. […] Il y a un certain nombre de difficultés procédurales pour faire adopter une proposition de loi”. La corrida reste au cœur des débats autant dans la classe politique que dans l’opinion publique.

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