Le dimanche 04 décembre à Bercy (Paris), la diaspora tamoule était au rendez-vous pour le concert du chanteur-compositeur indien Anirudh Ravichander. Retour sur cet évènement inédit en France et symbole de toute une communauté.
Anirudh Ravichander, 32 ans, est l’un des chanteurs et compositeurs notoires de l’industrie cinématographique nommée Kollywood et issue de la région du Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde. Sur la plateforme Spotify en 2022, Anirudh Ravichander a accumulé plus d’un milliard de téléchargements, devenant le quatrième artiste le plus écouté de son pays.
Connu pour avoir composé de nombreuses musiques de films tamouls à succès, son public dépasse les frontières de l’Inde, avec des auditeurs dans plus de 180 pays. Anirudh parcourt actuellement l’Europe à l’occasion de sa tournée Once Upon A Time . Moins de 48 heures après son concert au Wembley Arena à Londres, Anirudh était sur la scène de l’Accor Arena, anciennement appelée Bercy.
Une salle remplie malgré des prix jugés excessifs
L’Accor Arena, dont la capacité maximale est de 20 300 personnes, était presque plein, et ce, malgré une promotion tardive. Le 16 novembre dernier, soit moins d’un mois avant de se produire dans la salle emblématique parisienne, le chanteur-compositeur annonçait sur ses réseaux sociaux l’ouverture de la billetterie.
Avant l’événement, le hashtag #Anirudhparis était repris sur Tiktok et Twitter par des centaines d’internautes, pour dénoncer le coût trop élevé des billets. Malgré la popularité du chanteur, beaucoup de fans annonçaient ne pas avoir les moyens pour des billets avoisinant les 300 euros.
Après des négociations entre le distributeur chargé de la promotion du concert et les organisateurs de l’évènement, le prix des places restantes a finalement été réduit, pour le plus grand bonheur des fans d’Anirudh.
Une communauté présente dans l’Hexagone
Ce n’est pas la première fois qu’Anirudh se produit en France. Les fans de la star, appartenant en très grande majorité à la communauté indienne tamoule, s’étaient déjà réunis pour son concert au Zénith de Paris en 2018. Bien qu’il n’existe aucune statistique officielle sur une base ethnique ou linguistique, près de 125 000 tamouls résideraient en métropole, participant ainsi au rayonnement de la culture tamoule au-delà de cette région du sud de l’Inde et du nord du Sri Lanka.
L’industrie musicale intimement liée à Kollywood
La culture tamoule est aussi fortement marquée, en Inde comme en France, par l’industrie cinématographique Kollywood. Surnommée « l’autre Bollywood » en raison de sa concurrence directe avec l’industrie de Mumbai, Kollywood est considérée comme l’une des industries les plus puissantes d’Asie. Contrairement aux films Bollywood, les films tamouls sont plus moralisateurs et traitent régulièrement de problématiques sociétales profondes, comme le système des castes ou la corruption. représente
Tout comme le choix des acteurs, celui des musiques a une réelle influence sur le succès des films au sein de cette industrie. Comme l’explique le grand reporter Charles Haquet, dans une interview de l’Express, « lorsqu’un film est prêt, un mois avant sa sortie, les musiques sont présentées au public, pour que les spectateurs aient le temps de s’approprier les chansons et de les apprendre par cœur. […] On espère que ces chansons deviennent des hits car plus elles sont connus, plus le film en bénéficiera ».
De la même manière, une musique connaît un succès important si le film est bien reçu par le public. Ce lien entre Kollywood et l’industrie musicale tamoule explique aussi le succès d’Anirudh Ravichander. « Anirudh a un vrai talent mais le cinéma l’a aidé, c’était un vrai tremplin pour lui, pour être reconnu comme un grand artiste », affirment des fans d’Anirudh à la sortie de son concert à Bercy.
Vers une indépendance de l’industrie musicale?
Au milieu des superstars comme Anirudh, des artistes tamouls indépendants tentent de se faire une place dans l’industrie. « Je remarque que de plus en plus d’artistes indépendants tamouls deviennent connus. Le schéma change dans le sens où, des artistes sortent des albums sans que ce soit forcément pour des films », explique Cédric, présent au concert d’Anirudh. C’est le cas de TeeJay Arunasalam, artiste tamoul devenu célèbre grâce à sa musique Aasai sortie en 2013 et qui a depuis rejoint l’industrie kollywood. Il y a donc de l’espoir pour ces artistes méconnus, qui rêvent tous de composer un jour pour cette industrie aux millions de fans à travers le monde.