Rebecca Aletheia, Thais Rosa Pinheiro et Bia Moremi sont les visages féminins de l'afro-tourisme brésilien. ©Cintia Nabi-Cabral
Rebecca Aletheia, Thais Rosa Pinheiro et Bia Moremi sont les visages féminins de l'afro-tourisme brésilien. ©Cintia Nabi-Cabral

Enquête : They Don’t Care About Us : L’Afrique sous les projecteurs de l’afro-tourisme brésilien

« Lorsque tu ne sais pas où tu vas, alors, regarde d’où tu viens » (Proverbe africain). Malgré l’arrachement des us et coutumes qui les reliaient à leurs ancêtres, les afro-brésiliens passent par l’afro-tourisme pour se reconnecter à l’Afrique. Si l’Amérique du Sud et l’Afrique étaient liées par la Pangée, des acteurs de l’afro-tourisme nous exposent les enjeux médiatiques et financiers pour une reconnexion avec le Berceau de l’Humanité.

Du 3 au 5 novembre, le festival Liberatum a pris place à Salvador de Bahia, dans le cadre du mois de la Conscience Noire. Cet événement a réuni des personnalités noires qui ont engagé des débats enrichissants sur la représentation et la puissance de la culture africaine. Parmi les invités de renom figuraient l’actrice brésilienne Tais Araujo, ainsi que les actrices nord-américaines Angela Bassett et Viola Davis. Lors de ses interventions, l’actrice multirécompensée Viola Davis, a souligné « la nécessité pour les femmes noires de raconter elles-mêmes leurs histoires ».

Le Brésil, lieu clé de l’histoire africaine 

Mais le choix du lieu pour ce festival n’était pas anodin. En effet, Salvador de Bahia est la première capitale du Brésil et le premier port d’esclaves des Amériques. Il y a 28 ans, Michael Jackson avait décidé d’y tourner son vidéoclip They Don’t Care About Us  [« Ils n’en ont rien à faire de nous », ndlr]. C’est donc en choisissant de chanter sur la place de Pelourinho, lieu où les esclaves qui s’enfuyaient étaient punis, ligotés et cruellement torturés, que le roi de la Pop a réussi à transmettre un message qui dénonçait le racisme et l’intolérance, et donnait à la fois de l’espoir à une communauté marginalisée.

La place de Pelourinho au Brésil ©Canva
La place de Pelourinho au Brésil ©Canva

Selon l’Institut brésilien de géographie et statistique (IBGE), les Noirs brésiliens constituent 54% de la population, faisant du Brésil le deuxième pays avec le plus d’afro-descendants au monde après le Nigéria. De plus, c’est cette population afro-descendante qui est la plus exposée à la précarité économique.

Une forte précarité pour la population noire brésilienne

Selon une autre étude de l’IBGE publiée en 2021, le taux de pauvreté parmi la population noire était deux fois plus élevé que parmi la population blanche. L’Institut de recherche économique appliquée (IPEA) a déclaré que les femmes blanches recevaient 70% de plus que les femmes noires. Eunice Prudence, professeur de droit de l’Université de Sao Paulo, parle d’une « triple discrimination » subie par les femmes noires en raison de leur couleur de peau, genre et classe.

Le 9 janvier 2003, le gouvernement a promulgué la loi n° 10.639, une loi qui déclarait obligatoire l’enseignement de l’histoire et culture afro-brésilienne. Mais lors du festival Liberatum, Erika Hilton, la députée fédérale de Sao Paulo, a révélé que « même aujourd’hui, il existe une forte résistance à toutes les contributions que la population noire a apportées à la société au cours des décennies, des siècles, et repenser cet imaginaire ne dépend pas seulement de la population noire. »

Le classement Panrotas de l'année 2022 ©Cintia Nabi Cabral
Le classement Panrotas de l’année 2022 ©Cintia Nabi Cabral

Et le secteur touristique ?

Le secteur touristique n’est pas épargné par le manque de représentativité des afro-descendants. Parmi la liste Panrotas des 100 brésiliens et brésiliennes les plus influentes du tourisme en 2022, seules quatre étaient noires, toutes étant des femmes. Lors d’un entretien téléphonique, Jonathan Bohe, chargé d’études à l’Ambassade de la Côte d’Ivoire au Brésil, a confié que « Nombreux sont ceux qui souhaiteraient connaître le continent africain, leur terre d’origine. Peu peuvent y aller, compte tenu des inégalités sociales et raciales ».

Malgré la « triple discrimination » que subit une grande partie de la population brésilienne, trois femmes afro-brésiliennes prouvent que les afro-descendants peuvent raconter leur propre histoire grâce à l’afro-tourisme. D’après Sauanne Bispo, fondatrice de Go Diaspora : « L’Afro-tourisme, c’est retourner à la maison. »

« Il est temps pour les femmes noires de raconter leur propre histoire »

En 2019, Bia Moremi a fondé la première agence de voyage d’afro-tourisme brésilien, Brafrika, une agence dont l’objectif est de permettre aux Afro-Brésiliens de mieux connaître l’histoire de leurs ancêtres aux niveaux national et international. En 2021 et 2022, Bia a été nommée deux fois consécutives au Panrotas comme l’une des 100 personnes les plus influentes du tourisme.

Grâce à sa Licence en Chimie, Bia a fait survivre Brafrika pendant la pandémie en proposant des tests d’ancestralité : « Étant donné un système qui a humilié, nié et brûlé tout ce qui nous reliait à nos origines, je trouve ça magique qu’un peu de salive, versée lors d’une analyse en laboratoire, puisse retracer les informations sur nos ancêtres », nous a confié Bia lors d’un échange.

En 2018, Rebecca Aletheia a créé A Bitonga Travel, un collectif de femmes noires des Amériques qui souhaitent autonomiser d’autres femmes à voyager individuellement ou en groupe. Leur but est de contrebalancer le manque de représentation de femmes noires qui voyagent sur les réseaux sociaux.

Lors d’un entretien téléphonique, Rebecca s’est posé la question suivante :

Si je tape ‘Côte d’Ivoire’ dans une barre de recherche, les premiers résultats seront des vidéos de personnes blanches faisant du tourisme de ce pays. Pourquoi ? N’y aurait-il pas des gens comme nous avec le même profil de voyage ?

Thais Rosa Pinheiro a fondé Conectando Territórios en 2013, une agence de tourisme basée à Rio de Janeiro, et a créé N’Zinga – Mulheres viajantes, une série d’interviews sur YouTube qui font le portrait de femmes afro-brésiliennes voyageuses. Son but ? Développer le tourisme communautaire afin de préserver les histoires, mémoires et cultures des communautés afro-brésiliennes et indigènes, tout en générant des revenus pour ces dernières.

« Avant à Rio de Janeiro, à cause de l’appropriation culturelle, les itinéraires touristiques racontaient l’histoire de la samba en commençant par Noel Rosa et non par les premiers compositeurs comme Donga, João da Baiana ou Cartola », nous a confié Thaís Rosa. « Dans notre itinéraire de la ‘Petite Afrique’, nous introduisons la contribution des Afro-Brésiliens qui ont été importants pour la ville de Rio de Janeiro et le Brésil » a-t-elle ajouté.

Lorsque Bia, Rebecca et Thais sont allées en Afrique, les visages, la chaleur humaine, la spiritualité, les religions, la gastronomie, la musique, les rythmes et la danse étaient des évidences pour elles : il y avait plus de similitudes que de différences. À la fois chez elles et ailleurs, elles ont voulu transmettre ces expériences à leurs compatriotes brésiliens et afro-descendants du monde entier.

Voir l’Afrique autrement

« La raison pour laquelle on ne va pas sur le continent n’est pas liée uniquement aux clichés sur l’Afrique ou à la sécurité dont on pourrait avoir peur, mais parce qu’on n’a pas d’images de personnes lambdas à part des explorateurs ou des animateurs télé », a ainsi déclaré à la presse Sandy Abena, reporter voyage guadeloupéenne qui s’est lancé le défi d’explorer tous les pays d’Afrique.

Si 2020 a été une année de crise sanitaire, elle a permis à chacun d’entre nous de se rendre compte de ce qui nous entourait. C’est le cas pour Thais qui témoigne avoir vu un changement démographique de sa clientèle.

Alors qu’avant elle offrait majoritairement des visites guidées à des étrangers, elle a fait le constat que « le meurtre de George Floyd – [un homme afro-américain mort le 25 mai 2020 suite à une interpellation menée par plusieurs policiers, ndlr]- a contribué à un intérêt grandissant des brésiliens pour les injustices raciales et, par conséquent, pour l’histoire afro-brésilienne et africaine ».

Attirer une clientèle africaine

Lors d’un entretien téléphonique, Harristide Houndote, un jeune Ivoirien diplômé en Tourisme-Hôtellerie au Centre Polytechnique du Centre de Yamoussoukro, nous témoigne avoir constaté le même changement en Côte d’Ivoire, dans un pays où, selon lui, « le tourisme est un secteur dominé par les étrangers ».

Il estime que le gouvernement et le ministère du tourisme devraient mettre en place des circuits touristiques plus accessibles et abordables aux Ivoiriens car « très peu d’opportunités d’emploi dans le secteur du tourisme se présentent » à ces derniers, les empêchant parfois de se rendre compte du potentiel touristique des régions qu’ils habitent ou qui les entourent.

Aujourd’hui, le TikTokeur Big Douahou, le YouTubeur Nader Fakhry, ou l’émission Label’Ivoire présentée par Yann Bahou sont des acteurs de l’afro-tourisme ivoirien qui contribuent à présenter une partie de l’Afrique comme on ne l’avait peut-être jamais vue. Mais selon Harristide, « la possession d’un bon matériel journalistique et la faute d’une source de revenus s’avèrent créer des enjeux financiers pour certaines jeunes ivoiriens », et pour cause, « ils hésitent à se lancer dans ce genre de projets ».

Renforcer les liens Brésil-Afrique

Rebecca témoigne qu’on retrouve cet enjeu financier au Brésil, avec certaines de ses jeunes clientes qui aimeraient voyager, mais qui ne peuvent pas avoir de carte de crédit à cause de leur salaire insuffisant. Bia croit que ses services « sont pour ceux qui vivent et non pour ceux qui survivent » car elle est consciente que même ceux qui sont financièrement autonomes, ont parfois beaucoup de charges et se voient sacrifier leur temps et argent pour aider leur famille.

Harristide avoue que, pendant son travail dans le tourisme en Côte d’Ivoire, il n’a « jamais vu d’efforts pour attirer les clients brésiliens ou sud-américains, mais plutôt occidentaux ».

De l’autre côté de l’Atlantique, une délégation du ministère du tourisme de la Côte d’Ivoire s’est rendue à Rio de Janeiro afin de promouvoir et de renforcer ses liens avec le Brésil en fin septembre 2023, à l’occasion de la 50ᵉ édition de l’Exposition ABAV (Association brésilienne des agences de voyage).

Le Colloque International Bahia-Afrique a également réuni des ambassadeurs de 17 pays du continent africain entre le 18 et le 23 novembre. Cet événement cherchait à renforcer les liens entre le Brésil et l’Afrique, deux régions de l’hémisphère sud qui partagent des défis similaires au cours de leur développement.

L’Afrique : un choix encore impopulaire dans le secteur du tourisme

Mais malgré la signature, en 1976, d’un accord entre l’Université de Brasília et de l’Université d’Abidjan afin de procéder « à des échanges d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants », et en dépit de la mise en place du PEC-G (programme qui offre des places gratuites dans les cours de premier cycle dans les universités publiques et privées brésiliennes), le pourcentage d’étudiants ivoiriens au Brésil est encore très faible.

Projet de convention entre l’Université de Brasília et l’Université d’Abidjan signé en 1976. ©Jonathan Bohe
Projet de convention entre l’Université de Brasília et l’Université d’Abidjan signé en 1976. ©Jonathan Bohe

« Le voyageur brésilien, indépendamment de sa couleur de peau, est très enchanté par les États-Unis et l’Europe, et ne pense pas d’abord à visiter l’Afrique. L’Europe est un continent qui se vend tout seul dans le monde entier. Mais pour ceux qui sont conscients du passé colonial, ils font le choix d’aller en Afrique afin de ne pas donner de l’argent à ceux qui les avaient colonisés », a déclaré Bia Moremi.

Les différences linguistiques, le manque de jumelages entre villes africaines et sud-américaines, la méconnaissance de créateurs de contenus africains et afro-descendants et les moyens financiers de la jeunesse afrodescendante de ces régions ne sont pas les seuls freins au développement des échanges entre deux continents reliés auparavant par la Pangée.

Un réseau aérien transatlantique coupé

En réalité, l’Afrique et l’Amérique sont collées. S’il y avait un vol direct entre le Brésil et la Côte d’Ivoire, il serait de six heures. Cela pourrait attirer plusieurs voyageurs d’affaires pour le café ou le cacao par exemple. Malheureusement, si je veux aller à Abidjan, je dois partir de Brasília et passer par Sao Paulo et Paris, en faisant des voyages de plus de 14 heures, a dit Jonathan Bohe.

Créée en 1927, VARIG, la première compagnie aérienne brésilienne, a inauguré des connexions aériennes avec l’Afrique à partir de 1970, telles que Johannesburg et Capetown, Luanda, Lagos et Abidjan. 

Cependant, toutes les routes de la compagnie vers l’Afrique ont été supprimées, ne laissant que Johannesburg. La ligne vers Abidjan avait été inaugurée en 1984 et supprimée en 1991. Aujourd’hui, LATAM Airlines, la plus grande compagnie aérienne de l’Amérique du Sud, ne possède qu’une connexion du Brésil vers l’Afrique : celle de Sao Paulo-Johannesburg.

Si l’Afrique occupe le premier rang mondial de transport de marchandises par voie aérienne, le transport aérien dans le continent reste un secteur particulièrement sinistré. Des compagnies telles que Cameroon Airlines, Air Gabon, Lina Congo, ECAir, Air Senegal, Senegal Airlines, Air Tchad, Toumaï Air Tchad, Air Mauritanie, Air Centre Afrique, ou encore Air Ivoire, ont essayé de se développer indépendamment d’Air Afrique, mais elles ont fini par se volatiliser. Leur point commun ? Leur monnaie, le Franc CFA.

Une indépendance économique nécessaire

Anciennement intitulé le « Franc des Colonies françaises d’Afrique », cette monnaie créée en 1945 par Charles de Gaulle empêche, depuis 78 ans, le développement du secteur aérien de 16 pays africains. La preuve en est que des compagnies aériennes non-francophones, telles que Ethiopian Airlines ou South African Airways, font partie des meilleures compagnies aériennes d’Afrique.

Carte des zones Franc CFA en Afrique. En vert, les pays de l’UEMOA. En rouge, les pays de la CEMAC. Ces deux régions ont une monnaie détenue par la Banque de France et le Trésor Français. ©WikimediaCommons
Carte des zones Franc CFA en Afrique. En vert, les pays de l’UEMOA. En rouge, les pays de la CEMAC. Ces deux régions ont une monnaie détenue par la Banque de France et le Trésor Français.Carte des zones Franc CFA en Afrique. En vert, les pays de l’UEMOA. En rouge, les pays de la CEMAC. Ces deux régions ont une monnaie détenue par la Banque de France et le Trésor Français. ©WikimediaCommons

Grâce à cela, Bia Moremi a fait le choix d’inaugurer Brafrika à Johannesburg et à Capetown afin de proposer des échanges linguistiques entre le Brésil et l’Afrique du Sud aux Brésiliens qui aimeraient améliorer leur anglais. De plus, étant consciente des difficultés financières de ces derniers, elle a créé un partenariat entre BFK+ et Embarca Facil, une plateforme de voyages qui rend possible l’achat de billets d’avion nationaux et internationaux en plusieurs fois sans évaluation de crédit.

Après avoir supprimé l’obligation du visa pour tous les visiteurs africains, le président rwandais Paul Kagame a déclaré que « Les Africains sont l’avenir du tourisme mondial ». Dans un récent article d’Africa News, il est révélé que cette mesure « vise à stimuler la libre circulation de personnes et le commerce à l’échelle du continent ». En effet, 60% des touristes en Afrique proviennent de l’extérieur.

2019, l’année du retour des Afro-Américains

Mais les afro-touristes seraient-ils concernés par ce qui a été dit par le président rwandais ? Selon Thais Rosa Pinheiro et Jonathan Bohe, des accords politiques signés entre les deux continents pourraient être bénéfiques et faciliter l’afro-tourisme. Comme les États-Unis et le Ghana qui ont déclaré 2019 comme « l’Année de retour » pour les Afro-Américains, des métropoles africaines telles que Ouidah au Bénin, Agoué au Togo ou Lagos au Nigéria, pourraient faire un appel aux voyageurs afro-brésiliens. En effet, ces villes recensent le plus grand nombre d’Agoudas, les plus grandes communautés afro-brésiliennes revenues en Afrique depuis le 19ᵉ siècle.

Cependant, pour un réel développement de l’Afrique et de sa diaspora, une décolonisation monétaire est indispensable. Comment des pays africains peuvent-ils faire grandir un des plus grands leviers du développement avec une monnaie étrangère ? Ceci est la question à laquelle a essayé de répondre Nicolas Agbohou dans Le Franc CFA et l’Euro contre l’Afrique (1999).

Des voyages de loisirs, avec des pleurs et des rires

L’afro-tourisme peut être parfois vu comme du divertissement. Mais il a été créé pour commémorer une histoire également douloureuse. Selon Thais, « Les afro-brésiliens ont une vision romantisée de l’Afrique. Mais avant, leur lien avec ce continent était vu comme quelque chose de mauvais, car c’est l’histoire que les colons nous racontaient ».

Comme notre histoire au Brésil est traversée par l’esclavage et le trafic transatlantique, nous comprenons que ces expériences d’afro-tourisme doivent être embrassées en groupe, parmi nos semblables. Selon moi, les voyages de groupe sont le meilleur modèle économique et apportent une meilleure expérience, a révélé Bia Moremi.

Bia, Rebecca et Thais veulent créer des échanges dans des zones de contacts entre des afro-descendants qui, non seulement, transforment les lieux qu’ils traversent, mais en sortent ainsi transformés. Pendant que A Bitonga Travel voyage avec des femmes noires des Amériques pour fêter la Congada à Ouro Preto ou le Lavage de la Madeleine dans les rues de Paris, Brafrika participe aux festivals afro-religieux de Salvador de Bahia, à Afro Nation au Portugal ou à la Fashion Week en Afrique du Sud. 

« Le Château Rouge d’aujourd’hui ne sera pas le même après le passage de groupes de 10 à 15 brésiliens tous les trois mois. On aura une autre négritude, une autre africanité, qui est différente de la négritude française », révèle avec espoir la fondatrice de Brafrika.

De Naky avec le African Lisbon Tour, en passant par Le Paris Noir de Kevi Donat et le Little Africa de Jacqueline Ngo Mpii, Bia, Thais et Rebecca montrent l’Afrique autrement, sous un regard « améfricain », terme inventé par l’anthropologue brésilienne, Leila Gonzalez.

Nous, les Brésiliens, en général, on a l’habitude de penser que tout ce qui nous est étranger est meilleur. On appelle ça le complexe de ‘vira-lata’. Mais si nous, en tant que diaspora, nous connectons à d’autres diasporas, on comprendra qu’il y a certains aspects dans lesquels notre situation est meilleure que d’autres, et d’autres pas, affirme Bia Moremi.

L’afro-tourisme, l’avenir du tourisme mondial

« Les femmes noires des Amériques portent un fardeau qui n’est pas le leur. Je crois que ça vient du racisme et de la traite négrière, un héritage qui n’est pas le nôtre. L’afro-tourisme vient pour nous permettre d’avoir des moments de loisirs » dit Rebecca.

A Bitonga Travel, Brafrika et Conectado Territorios sont dans la ligne de front de l’afro-tourisme brésilien et cherchent à aider une grande partie de la population à redéfinir leur histoire. Pour elles, il faut conserver et transmettre une histoire presque effacée après l’Atlantique traversé.

Rebecca se sent fière de voyager avec des femmes, âgées de 19 à 82 ans, qui voyagent parfois pour la première fois de leur vie, et se redécouvrent elles-mêmes à travers leurs origines.

Bia croit au potentiel du voyageur brésilien, qu’elle considère comme « vorace ». Selon elle, le monde a encore beaucoup à apprendre et à découvrir sur le potentiel des Brésiliens, et ces derniers ont encore beaucoup à explorer nationalement et internationalement.

Thais est fière de voir de plus en plus de femmes voyager, dans une industrie qu’elle dit être encore dominée par des hommes. Selon Thais, ce tourisme ne se limite pas qu’à Bahia ou à Rio, mais cette culture afro-brésilienne est dans le pays tout entier.

If they don’t care about us, then it is time to care about ourselves

Chantées il y a 28 ans dans les rues de Bahia, les paroles de They Don’t Care About Us (1995) raisonnent encore dans l’esprit des Afro-Brésiliens et des descendants d’Africains. En effet, les organisateurs du festival Liberatum ont été accusés de racisme non seulement envers les participants afro-descendants, mais également envers le propre fondateur de Liberatum.

Cet événement, qui a parlé des enjeux liés à la représentation et à la culture des afro-descendants des Amériques, montre la nécessité d’une plus grande collaboration entre les gouvernements africains, les afro-descendants et les diasporas noires dans le monde entier.

Ces collaborations donneront l’opportunité, comme l’afro-tourisme, de laisser les afro-descendants raconter leur propre histoire et culture, et de bénéficier de celle-ci à tous les niveaux. Mettre en lumière le potentiel de l’Afrique nécessite de dialogues et d’échanges bénéfiques pour les communautés concernées.

L’afro-tourisme émerge pour rappeler aux afro-descendants que If they don’t care about us, then it is time to care about ourselves.

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