La 4ème édition de la conférence nationale EnR Entreprises a réuni jeudi 1er décembre plusieurs présidents de grandes industries au ministère de l’économie et des finances à Paris. Retour sur le débat autour de la stratégie des entreprises avec la migration des énergies renouvelables.
Les enjeux autour de la consommation énergétique et de l’essor des énergies renouvelables en entreprise sont de plus en plus abordés dans un contexte d’inflation, de volatilité des prix et de dérèglement climatique.
‘Orygeen’ de la conférence
La conférence est notamment le seul événement français qui porte exclusivement son attention sur le sujet, organisé par l’institut Orygeen. Figure centrale de l’évènement, Orygeen est l’une des associations majeures à but non lucratif qui luttent contre le changement climatique en incitant les industriels à utiliser les énergies renouvelables.
Les entreprises consommatrices d’énergie sont les premières concernées afin de sensibiliser sur l’impact environnemental de leur production, tout en partageant les avantages des énergies renouvelables. La dernière table ronde de la journée s’est intitulée “Le débat des présidents : Comment la migration vers les EnR s’intègre dans la stratégie des entreprises ?”, dirigée par la journaliste française Nathalie Croisé.
Le président de l’Institut Orygeen et premier vice-président de l’Association Nationale des Industries Alimentaires Jean-Paul Torris était présent cette année. La directrice générale du groupe immobilier ‘Barjane’, Julie Barlatier Prieuret, était également au rendez-vous. Le secrétaire général du leader européen de la fumisterie ‘Poujoulat’ Damien Mathon était aussi à cette 4ème édition de la conférence ainsi que la secrétaire générale de la multinationale alimentaire ‘Danone’ Laurence Payrault.
EnR : stratégie des entreprises
“Si l’équation économique à court terme est compliquée, il ne faut pas oublier qu’on travaille pour le monde et pour les générations à venir” : Laurence Payrault a démarré le débat analysant la question des énergies renouvelables par le spectre du long terme. La Responsabilité sociale des entreprises dite RSE est au centre du débat. Elle tient compte des enjeux environnementaux, sociaux, économiques et éthiques au sein des entreprises sur le long terme, notion centrale d’après les intervenants.
La stratégie de l’entreprise Danone se base sur le développement local et la contractualisation à long terme avec les agriculteurs. La journaliste Nathalie Croisé rappelle alors la nécessité de l’entreprise de collaborer avec ces producteurs pour sa propre pérennité. “C’est une survie mais aussi un choix politique” répond Laurence Payrault en mettant l’accent sur les avantages de la production locale.
“Nous nous basons sur une agriculture régénératrice qui capture le carbone, et nous engageons d’ici 2030 à ce que 100% de l’énergie sur l’électricité soit renouvelable et 50% de l’énergie renouvelable sur le reste”. Les problématiques rencontrées vont concerner davantage l’investissement à court terme intrinsèquement lié à la volatilité des prix concernant l’énergie.
La stratégie de l’entreprise de Julie Barlatier Prieuret ‘Barjane’ se base quant à elle sur les activités logistiques dans l’immobilier de manière à ce que l’entreprise s’intègre au territoire, toujours sur du long terme.
“La logistique est un facteur essentiel à notre vie, tout ce qu’on mange, tout ce qui rentre dans une usine, tout ce qui sort d’une usine est passée par une plateforme logistique” ajoute-t-elle pour démontrer une démarche en raccord avec le développement durable concernant les entreprises indispensables à la société habituellement considérées comme polluantes ou contraignantes.
‘Barjane’ occupe plus de 85 hectares de terrain avec 20 hectares d’espaces verts protégés classés comme refuge par la ligue de protection des oiseaux LPO. “On a été en capacité de créer plus de biodiversité qu’il n’y en avait au départ” déclare Julie Barlatier Prieuret.
Des panneaux photovoltaïques sont installés sur tous les toits des bâtiments dès leur construction : “il faut avoir la volonté de le faire dès le début” a déclaré Julie Barlatier Prieuret. L’objectif est de procéder à ce genre de système sans gêner les clients. Concernant l’électricité, les lumières naturelles et détection de présence sont favorisées afin de limiter la consommation d’énergie.
Damien Mathon a ensuite pris la parole pour présenter son entreprise de système d’évacuation de conduits de combustion ‘Poujoulat’ qui fabrique et commercialise également des biocombustibles avec près de 400 000 tonnes aujourd’hui pour le particulier.
“Une évidence pour montrer aux clients qu’on s’applique à nous-mêmes les solutions qu’on préconise” : le secrétaire général a déclaré que ‘Poujoulat’ investit dans les chaudières en bois pour chauffer les bureaux et ateliers, afin de montrer l’exemple aux autres entreprises et aux clients.
La stratégie de l’entreprise se base aussi sur l’autoconsommation depuis un an et demi, ce qui comporte des avantages à la fois au niveau financier et de la RSE. Une économie de 200 000 euros avec un retour sur investissement de trois ans, c’est ce que le secrétaire général annonce en faisant référence à l’utilisation de détecteurs de présence et des leds (à l’instar de ‘Barjane’) pour remplacer le poste d’éclairage dont le coût est considérable aujourd’hui.
Le président de Orygeen Jean Paul Torris conclut la table ronde en rejoignant Damien Mathon sur ce sujet : “c’est une performance avant tout financière mais durable”. La décarbonation et l’agriculture sont essentielles à aborder concernant les énergies renouvelables. “Les entreprises sont celles qui vont changer le monde parce qu’elles ont de vrais projets de RSE” ajoute-t-il. Toutes les entreprises seraient animées par cette “mission” : “rendre à la planète tout ce qu’on lui prend”.
“Un élan sans précédent” : le rapport 2022 de l’Agence internationale de l’énergie AIE a par ailleurs déclaré le mardi 6 décembre un essor considérable concernant les énergies renouvelables en entreprise. Selon l’Agence, la production renouvelable pourrait augmenter de 60% d’ici 2027, en développant autant de capacités renouvelables pour les cinq prochaines années que le monde en aurait fait en vingt ans.