DOSSIER Iran – Manifestation à Paris pour soutenir l’Iran, les femmes et la liberté

Place de la République, à Paris le 2 octobre 2022, esquisse brandie par un manifestant représentant l’unité entre hommes et femmes. Crédit photo: Noémie Naudin

La grimpeuse iranienne Elnaz Rekabi a marqué les esprits en participant aux championnats asiatiques d’escalade à Séoul, sans son hijab. ce geste a été interprété comme un signe de solidarité avec les manifestation déclenchées en Iran suite au décès de Mahsa Amini. Cet acte a fait la Une de la presse internationale, action mise sous les feux des projecteurs qui s’additionne avec les nombreuses manifestations couvertes par la presse dans le monde entier.

Le dimanche 2 octobre, des milliers de personnes se sont rassemblées à Paris pour manifester afin de soutenir les femmes iraniennes et dénoncer l’oppression du régime islamique.

Le mois dernier Mahsa Amini, une jeune femme Kurde de 22 ans, est décédée à l’issue de son placement en garde à vue par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique. Deux semaines après, les manifestations se poursuivent en Iran et dans le monde entier.

À Paris, malgré les averses intenses, les manifestants ont défilé de la Place de la République jusqu’à la Place de la Nation, avec pour devise « femme, vie, libérté ». D’autres slogans, eux aussi empruntés aux manifestations en Iran, tels que « Mort à la République islamique » ou « Mort au dictateur » résonnaient dans les rues de la capitale. La chanson « Baraye » écrite par le musicien iranien Shervin Hajipour est devenue l’hymne des manifestants. Visionnée et partagée des millions de fois sur Internet, elle accompagnait le cortège ce dimanche après-midi.

Hommes et femmes, iraniens et français, ont avancé ensemble pour luter contre la répression et les violences qui chaque jour sévissent en Iran. Depuis la mort tragique de Mahsa Amini, au moins 92 personnes ont été tuées dans les manifestations contre le régime islamique en Iran, un chiffre datant du 2 Octobre. Aujourd’hui, le bilan s’alourdit, l’ONG Iran Human Right témoigne de plus d’une centaines de morts depuis le début des manifestations en Iran.

A la fin de la marche, nous avons interviewé Janan, une jeune femme de 24 ans, franco-iranienne. Extrêmement touchée par les évènements récents, elle est venue marcher pour témoigner son affection pour son pays et s’opposer au régime iranien.

Janan est satisfaite de la couverture par les médias internationaux qui est “globalement importante” mais signale la tendance des gouvernements à récupérer les évènements iraniens pour des questions politiques, notamment en France. Elle est déçue et pense que la question du port du hijab en France n’est pas pertinente compte tenu de l’actualité et de la gravité de la situation en Iran.

https://drive.google.com/file/d/1lGitgKxg_tZvs0QjfbWUZ7lQlX5dsjJz/view?usp=sharing

Janan fait référence à Sandrine Rousseau, députée Europe Écologie Les Verts de Paris et écoféministe, huée cette après-midi place de la République. Accompagnée de Manon Aubry, députée La France insoumise, les deux femmes ont suscité la colère de la foule. À peine audible à cause des bruyants sifflements*, Mme Rousseau déclare vouloir lutter pour la “liberté de porter le voile” en France. La politicienne récolte la fureur des manifestants en décrivant le voile comme un “accessoire d’embellissement”. Rappelons les faits, Mahsa Amini est morte à l’hôpital, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs. Elle est interpellée car son voile est mal ajusté, une mèche de cheveux dépasse de son foulard. Les louanges du voile ne sont pas appréciées par cette foule unie afin de protester contre le meurtre de Masha Amini et toutes les autres.

 

Avant la révolution iranienne de 1979, les femmes étaient libres de s’habiller et se coiffer comme bon leur semblait. Avec l’arrivée de l’Ayatollah Khomeini qui instaure une République islamiste, le port du voile est donc définitivement inscrit dans les lois trois ans plus tard. Rouhollah Khomeini, confiait au sujet du tchador, nom donné au voile iranien, en 1984: «on l’a rendu obligatoire pour protéger vos valeurs.»

Depuis plus de 40 ans, l’Iran se bat contre un régime oppressif. Depuis le départ du Shah d’Iran en 1979, le régime établi par l’ayatollah Khomeini est synonyme de répression et de tyrannie. Le décès de Masha est hélas « la goûte d’eau » qui a renversé la situation. Ce meurtre abominable a déferlé un sentiment de haine, de trop-plein. En effet, la police des mœurs persécute les femmes depuis des décennies.

Aujourd’hui le combat des Iraniens continue. D’après Iran Human Rights, le nombre de personnes tuées dans le contexte des mouvements de protestation qui se déroulent actuellement dans tout le pays s’élève à au moins 215 personnes, dont 27 enfants.

 

 

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